Ah oui le Golif
C'était mon premier bateau.
Acheté une bouchée de pain fin juillet 2012.
Alors que début juillet, je ne pensais pas à me retrouver avec un bateau. Même si l'idée me trottait dans la tête depuis pas mal d'années déjà.
L'idée d'avoir mon propre bateau ne m'a pas quittée depuis que mon père à revendu le sien pour raison financière - un Flirt de chez Jeanneau à la fin des années 80.
Mais à l'époque j'étais qu'un gosse. Il fallu attendre plus de vingt ans pour que mon rêve se réalise vraiment. Et qu'enfin mon père et moi puissions naviguer à nouveau.
En fait, je dirais même qu'avant tout, j'ai acheté mon bateau pour faire plaisir à mon père plus qu'à moi même. Qu'est-ce qu'il était heureux après tant d'abstinence
Durant des années nous avons arpenté Port Haliguen (là où se trouvait déjà et encore le Flirt), en commentant les voiliers se trouvant devant nous (en particuliers les Evasion). De même à la plage à l'aide de jumelles.
Mais l'été 2001, l'envie de voir la côte vue de la mer fût trop forte. J'achetais d'occasion (sur un coup de tête) une sorte de vielle barque à fond plat Eldé avec un vieil Evinrude 6CV d'occasion chez Accastimer à Lorient. C'était assez Rock'n'Roll sur la mer avec ce qui se rapproche plus d'une grosse annexe que d'un véritable bateau. Surtout embarqués à trois gros gabarits. De plus le moulin calait sans raison - emmerdant devant la passe de Port Haliguen
A l'automne, le frêle esquif était revendu. Mais on a bien rigolé. Il fallu attendre 11 ans de plus pour enfin avoir un bateau digne de ce nom et habitable en prime.
Toujours quasiment sur un coup de tête, j'achetais mon fameux Golif dont un ami qui en avait possédé un m'avait fait l'éloge. Et ce fût vraiment le hasard et un coup de bol qui porta mon choix vers ce rafiot. Car début juillet à Quiberon , j'avais essayé un Serenita 55 qui était à vendre en co-propriété. Mais j'étais pas vraiment décidé. Le bateau me plaisait moyen et de plus la place au port n'était pas garantie. Etant plus qu'attaché à Quiberon - même si je suis Mayennais, mon bateau ne pouvait se trouver qu'à Port Haliguen. Pas de place à Port Haliguen = pas de bateau !
Fin juillet en consultant les annonces sur le bon coin, je trouve par hasard un Golif JOG de 1966 sur Quiberon avec normalement la possibilité de conserver la place à Port Haliguen.
Le prix affiché - 1700 €.
Je passe un coup de fil et deux jours plus tard je me trouve sur place avec mon frère pour acheter la bête.
Rien qu'à l'idée qu'enfin je pourrais avoir mon propre bateau habitable à Port Haliguen, j'étais quasiment déjà acheteur sans même l'avoir vu
Sur place, j'ai affaire à un p'tit jeune (enfin plus jeune que moi) qui semblait n'y rien connaître en bateau. Il avait acheté ce Golif quelques mois avant en pensant que çà s'utilise comme un simple Zodiac et n'avait pas trop pensé à l'inconvénient d'être dans un port à échouage.
De plus il n'avait pas réglé le problème de conserver la place au port. Car à Port Haliguen, les places ne sont pas transmissibles. En clair, il s'était bien embarrassé d'un bateau qui était pour lui plus un boulet qu'autre chose. C'était dans son cas pire qu'un achat coup de tête, c'était un achat totalement irréfléchi ! Alors que dans mon cas, je connaissais tout de même les inconvénients et avantage d'un tel achat...
Alors avec mon frangin, j'ai fais sommairement le tour du bateau (à flot - je sais c'est pas bien). Il semblait sain à part l'enrouleur de génois qui nécessitait une réparation. Le p'tit gars avait déjà repeint l'intérieur (boulot parfait, il était carrossier peintre de métier), les boiseries nickel. Seul l'extérieur était bof niveau cosmétique (peinture coque et pont) avec peu de délaminage du pont.
L'ancien proprio lui avait fourni pas mal de factures d'entretien dont pour le plus important : traitement anti osmose et boulon de quilles changés. En clair, une coque ultra saine
De plus l'accastillage était modernisé avec des bloqueurs Spinlock et deux trois bricoles. Et surtout le moulin, un Yamaha 4 temps, était quasi neuf.
De surcroit, tout l'équipement de sécurité et même plus était vendu avec !
Toutefois, me taraudait le problème de la place au port. Le vendeur m'a assuré qu'il y avait moyen de s'arranger avec l'ancien proprio et le port était payé jusqu'à la fin de l'année.
Mais j'étais encore indécis.
Le vendeur voulant absolument s'en débarrasser au plus vite, m'a fait une offre qui ne se refuse pas. 1 100 €
J'ai craqué
Le soir même on dormaient à bord après une soirée dont je me rappellerais toujours.
Petite anecdote au passage sur cette soirée. Il fallu attendre jusqu'à 23h que la mer remonte pour monter à bord (bateau béquillé). Le bateau était amarré beaucoup trop tendu.
A tel point que lorsque je voulu monter à bord (par l'étrave), le bateau a brusquement reculé et je me suis retrouvé presque totalement au bouillon assis sur les amarres d'avant.
Une fois remonté à bord, je me suis rendu compte que je m'étais bien griffé la cuisse sur les amarres.
Nous n'avions que des lampes frontales pour s'éclairer et c'était le bordel à bord. J'ai dû d'abord me changer et tenter de ranger le merdier dans le bateau.
Seulement quelques minutes à peine après mon bain improvisé, nous avons eu une drôle de visite... une petite dizaine de gendarmes
Ils avaient dû être alerté par le voisinage que des gens louches rodaient près des bateau (nous...) et avaient dû se poser des questions en voyant des faisceaux de lampes torche dans un bateau généralement inoccupé. Tout comme le reste du vieux port Haliguen la nuit d'ailleurs.
Ces chers messieurs de la maréchaussée dont l'intelligence n'a pas brillé ce soir là, nous ont bien emmerdé au mauvais moment (j'étais encore humide).
Malgré que je leurs présente les papiers du bateau et l'acte de vente, il doutaient encore que le bateau m'appartienne vraiment. Ils ont même vérifié par radio que les papiers étaient authentiques !
Jusqu'au moment où j'ai eu droit à une question des plus surprenante : qu'est-ce que vous transportez à bord
Là j'ai pas pu me retenir de faire de l'humour devant autant de bêtise. J'ai répondu "un peu d'explosif et un kilo de cocaïne pour s'amuser"
A ce moment l'interrogateur m'a regardé avec des grands yeux ébahis tandis qu'un de ses collègue (le plus futé sans doute), s'est mis à éclater de rire
Et moi pour en rajouter une couche, pour bien faire passer le gendarme pour un con, j'ajoute : "vous savez le Golif, c'est pas top comme Go-fast..." second rire du reste des collègues et grand moment de solitude pour mon interrogateur
Bien évidemment, il n'ont pas osé fouiller le bateau. Trop peur de passer une bonne fois pour toute pour des cons.
Après l'ambiance, s'est détendue et on a parlé bateau avec eux et on s'est quitté en bon terme.
Voilà pourquoi cette première soirée à bord de mon premier véritable bateau est inoubliable.
Plus tard, je contactais l'ancien proprio du bateau qui l'avait cédé au p'tit gars me l'avait revendu. Pour conserver la place au port, on déclarais au port un semblant de co-propriété jusqu'à ce que j'obtienne une place à mon nom. Mais il failli me faire faux bond. J'ai pu le convaincre pendant deux ans que j'étais réglo et que j'avais tout intérêt à payer le port pour conserver la place.
Voilà, je garde un souvenir émouvant des moments passés à bord de mon fier Golif. J'ai même eu un pincement quand je l'ai revendu l'année dernière, à un plaisancier novice lui aussi.
Je ne le regrette pas par rapport à mon Evasion 22. Mais bon, c'était mon premier bateau. Je m'y étais attaché.
C'était pas le plus beau ni le plus rapide, c'est certain. Mais c'était le mien
Un bon bateau qui avait traversé l'atlantique en 64 avec Jean Lacombe. Costaud et sécurisant. Je suis certain qu'il pourrait encore naviguer cinquante ans de plus.
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Je posterais quelques photos de mon Golif à suivre.