Voici la partie du convoyage que j'ai eu la chance de faire à bord de l'Evasion 22 Askell Vras de Bricojeff, de St Pabu à Locmiquélic...
LUNDI 11 MAI
Récupération de votre serviteur, chez lui, à Guengat par JJ85 et Bricojeff, puis en route pour Portsall ! Arrêt avitaillement chez l'épicier du coin à Ploudalmézeau, puis récupération de Rase Cailloux chez lui et en route pour St Pabu !
Rase Cailloux et Bricojeff récupèrent Askell Vras tandis que JJ85 et moi même partons en voiture les retrouver à la cale du port de St Pabu.
Arrivé à la cale, rangement de l'avitaillement et pendant que JJ85 et Rase Cailloux ramènent l'annexe, je prépare le repas : pâtes lardons crème fraîche... Dîner à bord où nous avons bien ri, surtout quand Rase Cailloux sauta prestement du bateau à la cale, oubliant le phénomène des marées... Et un pied dans l'eau, un !
Nos amis nous quittent en nous souhaitant bon vent et décision est prise de prendre un coffre pour y passer la nuit. Chacun une aussière, et voilà Bricojeff qui démarre le moteur gaz en grand, mais surtout embrayé !!! Bon, on aurait pas été bien loin, y'avait un Evasion 32 vingt mètres devant... Chaud la manoeuvre !
Mauvaise nuit au mouillage, due à l'excitation du départ et certainement pas due à la quiétude des lieux... On se serait cru à l'échouage...
MARDI 12 MAI
Réveil en douceur, petit déjeuner en faisant coucou aux plaisanciers qui partent en mer, toilette en se rasant avec le miroir de détresse - pas évident au passage - et on se prépare au départ !
Démarrage de la bourrique et Bricojeff décide de sortir la carte de nav' du coin et... C'est une carte sur son PC portable, sauf que celui ci n'a jamais voulu démarrer... Passé un moment de flottement, on se dit que l'on se démerdera avec la carte d'atterrissage des côtes du Finistère et l'Almanach du marin du coin !
Il est 9 h 50 et nous mettons en route ! Nous passons une à une les bouées du chenal d'entrée de l'Aber Benoît et arrivés au "Relec" nous mettons le cap sur le phare du Four sur une houle d'environ 2 mètres associée à un bon clapot croisé... mettant à mal les estomacs de l'équipage... Ca commence bien... Stoïquement, et sans lâcher la barre je me leste la panse de quelques pommes...
Après 3 heures à ce régime, nous parons largement le phare du Four et embouquons le chenal du même nom. Nous déjeunons de sandwiches pain de mie jambon beurre et arrivons - enfin - sous Ouessant ; ce qui a pour effet d'aplatir complètement le mer... Une dernière vague vient nous saluer, chahutant sérieusement le bord... Pont dans l'eau au roulis ! La chape de la filière frappée - haut - sur l'hiloire du cockpit passant sous l'eau... Plus de houle, plus de clapot, un vrai plaisir ! On passe le phare de Trézien, on se fait doubler par un petit cargo tout bleu, puis arrive Corsen et St Matthieu, marquant la fin du chenal du Four.
Le vent se décidant enfin à se lever, nous déroulons, non sans mal, le génois, on réduit les gaz et on attaque la mer d'Iroise sur une belle et grosse houle... Très impressionnant... Je me souviens au passage que mon grand père, sur son malamok, n'était jamais serein dans ces parages où la houle se lève très vite... On commence à distinguer le phare de la Vieille, Tevennec, Sein, quand à 18 h 00 Rase Cailloux nous appelle pour nous signaler que l'Astikeau vient de franchir le Raz de Sein ! Pile à la renverse... Bravo les gars !
Au juger, j'estime que l'on passera le Raz avec 3/4 d'heure de retard, et nous mettons le cap au 180 sur le phare de la Vieille, mais le courant de la marée montante est déjà bien là... Doubler Tevennec nous semble interminable... Les remous montrent leurs dents et lorsque nous croisons le sillage d'un chalutier du Guilvinec, nous embarquons un pion monumental sur la plage avant, les carreaux de la timonerie passant sous l'eau, l'essuie glace se mettant en drapeau sur le toit de la cabine ! Mais pas une goutte d'eau dans le cockpit ! Nous augmentons les gaz aux 3/4, et, arrivés à 1/2 mile de la Vieille nous prenons le 220, puis, paré la Plate nous abattons sur Audierne... Trop tôt car le courant nous dépale fortement et nous manquons de peu de nous faire ravaler par le Raz de Sein ! Nous remettons au 220 pour 20 minutes et parons enfin le Raz de Sein... Je regarde ma montre et constate qu'il est BM+2... On s'est bien fait brasser...
NdA : Je rappelle que le coefficient de marée était de 52 ce jour là. Jamais je n'aurais tenté de passer le Raz de Sein contre la marée, dans ces conditions de mer, avec un coefficient plus important.
Nous réduisons les gaz, et, entrons à la nuit tombante, sous feux, dans le port de Ste Evette où nous prenons un coffre à côté de l'Enez Sun. Terminé barre et machine à 22 h 25. On n'en peut plus, l'équipage part se coucher sans même manger !
MERCREDI 13 MAI
Réveil vers 8 h 00 après une nuit agitée au corps mort de Ste Evette, et on recommence : petit déjeuner en faisant coucou aux plaisanciers partant en mer, toilette et rasage avec le miroir de détresse... Inutile de se presser, nous voulons profiter de la marée pour passer les Etocs de Penmarc'h... Nous appareillons à 9 h 50 après avoir cuit du riz en prévision du repas du midi.
Une petite bruine nous oblige à capeler nos cirés et sortons de Ste Evette, passons entre la côte et les Gamelles et nous déroulons toute la baie d'Audierne au moteur... Il est midi et nous approchons du phare d'Eckmühl. Je prépare le repas : riz, maïs, cervelas et dés de gruyère. Nous déjeunons et nous préparons au passage des Etocs ! Nous jouons à saute bouées, les reconnaissant les unes après les autres et parons celle nommée Cap Caval, nous indiquant la fin du passage !
Il est l'heure d'obliquer sur Concarneau. Le vent devenant portant, nous déroulons, toujours difficilement le génois et réduisons le régime moteur. Nous reconnaissons, au fur de notre progression les ports du Guilvinec, Lesconil, Loctudy et arrivons devant l'embouchure de l'Odet avec Ste Marine d'un côté et Bénodet de l'autre, puis arrive enfin le sémaphore de Mousterlin, la baie de Port le Foret et celle de Concarneau.
Nous reconnaissons, non sans mal, la Voleuse - bah oui, depuis le Guilvinec, nous n'avons plus de carte... -, et nous nous préparons à entrer dans Concarneau. Nous enroulons difficilement le génois et je m'aperçois alors que c'est la drisse de spi qui s'enroule avec le génois ! Et pourtant, avec Rase Cailloux, le week-end précédant le départ, lors de l'armement d'Askell Vras, on y a passé du temps sur l'enrouleur avec moult essais... mais sans la drisse de spi à poste ! Je réglerai le problème pendant l'escale de Concarneau en déplaçant les points d'accroche de la drisse en position repos à l'extrémité de la delphinière... C'était quand même moins une, un dernier essai et j'allais filer en grand cette drisse ! Nous nous alignons et on rentre dans le port de Concarneau avec la rouge Médée qu'il faut aller chercher à terre... Cela fait bizarre, car aux jumelles, sans perspective on voudrait laisser la rouge à tribord et la verte suivante à bâbord... Bref, nous accostons au ponton visiteurs en plein préparatifs du rallye des Glénans de l'école du même nom. Il est 17 h 50 lorsque l'ordre "terminé barre et machine" tombe...
Ce soir, au menu, salade de riz, cordons bleus, camembert et fruits, nous poursuivons la soirée avec une ballade en Ville Close vidée de ses touristes. Nous prenons un café à terre et rentrons à bord.
La dépression peut passer, nous sommes à l'abri. On a avancé tout ce que l'on a pu et rejoignons nos bannettes avec le sentiment d'avoir "fait le job"...
JEUDI 14 MAI
Réveil en sursaut vers 5 h 00 par une bonne rafale faisant gîter le bateau ! Ca piaule dehors ! Et l'on se rendort...
On se lève vers huit heures, petit déjeuner, mais là, les mecs du stage de l'école de voile des Glénan ne font pas coucou, toilette et on expédie les formalités à la capitainerie ! Objectif du jour : trouver une carte pour continuer, parce que naviguer "à l'oreille", c'est peut être amusant, mais c'est usant pour les nerfs ! On trouve la carte et rentrons à bord. Ca souffle dur, l'anémomètre monte à 35 noeuds - dans le port ! - mais il ne pleut pas et nous en profitons pour mateloter...
Midi sonne, nous descendons à terre soigner notre cholestérol, enfin surtout Bricojeff avec un hamburger façon Rossini ! Bah ! Une petite glace nous aidera à digérer !
Quatre heures arrivent, ainsi qu'un kouign amann accompagné de mes parents... Bah ! on mangera léger ce soir ! Balade dans Concarneau et mes parents repartent sur Douarnenez.
Le soleil décline, et nous descendons à terre manger. Ce soir, c'est pizza ! Et toujours la petite glace pour aider la digestion... Et au dodo vers 23 h 00. Ca s'est calmé dehors et la mer est complètement tombée...
VENDREDI 15 MAI
Réveil en douceur et le rituel recommence : Petit déjeuner sans le coucou des gus des Glénan, toilette et on se prépare à l'appareillage.
Il est 10 h 00 lorsque l'on largue le ponton et on embouque le chenal de sortie... Petite brise dans le nez lorsque nous mettons le cap sur la pointe de Trévignon. Une fois parée, cap au 90, au grand largue presque vent arrière. Hissage de la GV, déroulage du génois sans accrocs maintenant que la drisse de spi est claire et... installation du sac à spi sur la delphinière ! Nous coupons le Yanmar, à la voile pure ! Nous parons la tourelle Men Du et passons entre Raguenes et l'île Verte !
Midi arrive et Bricojeff passe en cuisine pour confectionner une salade thon / tomate / maïs / dés de gruyère et fruits en dessert...
Engaillardis par le repas, nous rentrons le génois et envoyons le spi ! Super ! Sauf qu'un asymétrique à cette allure, ça ne marche pas très bien... Donc, on prends des photos sur un mauvais cap qui nous ferait rentrer à Doelan, et on affale le spi, on re-déroule le genois en le tangonnant avec la gaffe. On tient les 4 / 4.5 noeuds avec un gentil F3 et bientôt la passe ouest de Lorient se dessine à l'horizon... Nous parons quelques cardinales et arrivent les rouges et les vertes. Nous affalons et redémarrons la bourrique. Nous accostons tranquillement à port Ste Catherine - Locmiquelic où nous attends Chouf avec des bières fraîches... Terminé barre et machine, il est 17 h 30.
SAMEDI 16 MAI
Après un petit resto sur le port et la douche réglementaire, nous émergeons de notre nuit réparatrice...
Petit déjeuner en faisant coucou aux plaisanciers du ponton D, toilette, et... Dégustation d'huîtres ! Voilà le problème de naviguer avec un gars de Marennes D'Oléron, c'est que, peu importe l'heure, quand la mer est basse, on mange des huîtres. Bricojeff en avale une demi douzaine devant mon air sceptique et, à force de me faire traiter de précieuse, je m'y mets... Et bien, elles sont bonnes et pas du tout iodées... Enfin bref.
C'est alors qu'apparaît dans l'encadrement de la descente la trogne de Johari, présentation et café à bord puis c'est Chouf qui débarque à bord...
Nous partons alors faire quelques emplettes, puis direction Riantec afin de préparer la Choufferie 2015 !!!