de Menbrial » Sam Sep 29, 2012 12:48 pm
Bonjour à tous,
et voilà l'essai du cabochard recopié dans le n° 39 - mai 1974 - de Voiles & voiliers !
Le Cabochard
Pas si têtu que cela…
PAR P.H. MARIN
Loger un pêche promenade avec cabine à deux couchettes dans une coque de quatre mètres, cela relevait du pari impossible. Les chantiers Bénéteau semblent, pourtant l’avoir réussi avec le Cabochard, un petit bateau économique, qui coûte moins de 10 000 francs en version voilier et dont le succès va grandissant, puisque 350 sont à flot, un an après sa naissance.
C’est en fait un bateau relais, entre le dériveur et le petit bateau de croisière, ou même, pourquoi pas, un excellent bateau pour débuter. Malgré sa petite taille, le cabochard se comporte très sainement à la mer. Il est très marin et très sûr, même dans le clapot déjà formé. Malgré ses hanches larges et arrondies, il roule peu. Il est bien défendu par un franc bord élevé. Par contre, il manque un peu de « fesses » ce qui lui vaut d’embarquer par l’arrière, dès que le vent fraîchit aux allures portantes. Mais ce n’est pas rédhibitoire pour autant, le cockpit autovideur faisant parfaitement son travail.
Lors des essais du prototype de l’Evasion, les responsables de Bénéteau ont eu la surprise –agréable- de voir, dans des creux qui atteignaient deux mètres, un Cabochard avec un homme seul à bord, en train de pêcher tranquillement, sous voiles, dans les parages de la Teignouze…
Sans être une bête de course, loin de là, le le Cabochard se comporte correctement à la voile, avec ses 10 mètres carrés de toile, qui peuvent être portés à 11,50 mètres carrés avec le génois. Il fait un cap correct, remonte normalement au vent en dépit de sa quille longue, qui a la réputation, on le sait, de freiner l’évolution d’un voilier, notamment au près.
Tel n’est pas toutefois l’avis de tous ses utilisateurs, ainsi, M. Voisin, de Rouen (1) estime que la coque est trop courte et que le bateau remonte mal au vent. « Lors d’une récente sortie dans les parages du Cap Lévy, dans le Cotentin, par force 5, avec trois personnes à bord et le matériel de pêche, nous avons été obligés d’utiliser le moteur pour rentrer, car nous tirions des bords carrés… par contre, le bateau est très maniable, et du point de vue robustesse, c’est du costaud ! Pour la pêche, le cockpit est suffisamment vaste et les bancs amovibles permettent d’approcher au maximum du bord pour remonter casiers ou filet sans difficultés. Même pour des gens de grande taille comme moi, explique M. Voisin, - 1,80 m - , chacun se sent bien à l’abri derrière les hiloires. Son comportement à la mer est franc, sans surprises. Il « bouchonne » allègrement dans le clapot, comme une véritable allumette » conclut M. Voisin.
On peut adjoindre au Cabochard un moteur hors bord, qui se fixe directement sur le tableau, échancré à cet effet, mais les manœuvres de la barre en sont quelques peu freinées. La puissance maximale à utiliser est le 6 chevaux, l’idéal étant le 4. Au-delà du 6 chevaux, le bateau, trop léger, déjauge, et tape dans la vague, ce qui est très désagréable.
Malgré sa petite taille, le Cabochard a une jolie gueule, avec sa coque de plastique de couleur crème, soulignée par un liston de bois verni. La petite cabine, de teinte bleu pastel, est bien éclairée par trois hublots. Le pont et les passavants possèdent un pont antidérapant ; des mains courantes, en bois verni, fixées sur la cabine facilitent le passage du cockpit vers l’avant, un chaumard combiné avec le point d’amure du foc est monté en série. Un robuste taquet de bois permet l’amarrage ; par contre, les taquets plastique de côté m’ont paru légers.
Conséquence de la petite taille du bateau, il n’a pas été possible d’aménager un puits de chaîne. C’est dommage en raison de la vocation pêche de ce bateau, qui signifie des mouillages prolongés pour pêcher, posé sur le fond… Les points de fixation des haubans doubles sont solidement boulonnés à travers la cabine, ce qui parait plus robuste que la traditionnelle cadène. Sur les hiloires, des taquets coinceurs-filoirs reçoivent les écoutes de foc. Le cockpit, je l’ai déjà souligné, est bien défendu vers l’avant par ses hiloires.
Il ne comporte qu’un seul coffre, à l’entrée de la cabine, ce qui est un peu juste, car il faut ranger le moteur entre les couchettes. Par contre, le réservoir a sa place sous la banquette arrière.
Un bon point pour la porte de la cabine, équipée d’une serrure et d’un verrou intérieur ; Les deux couchettes sont assez « spartiates » et plus proches du rangement de matériel que du sommeil. A l’avant, des équipets un peu rares, à mon avis, car il est bien connu que l’on embarque toujours beaucoup de matériel dans son bateau.
La quille longue, en fonte, ( 100 kilos ), permet, grâce à un faible tirant d’eau de 0,55 mètre, d’approcher tous les rivages, et de s’échouer deux fois par jour, comme dans la majorité des ports, sans problème pour le gel coat de la coque.
Par son prix, son poids, 350 kilos, qui permet de le tirer derrière une voiture de petite cylindrée (détail qui compte en période de hausse du carburant), par sa robustesse bien connue, le Cabochard, moins têtu que son nom ne pourrait le laisser croire, a un bel avenir dans la catégorie des pêche promenade.