Terenez a écrit:À old Gaffeur
Ça se passe comment alors si je veux ramener une bouture de Crinum amerocalis ou d'Hymenocallis littoralis prises chez Jojo dans la Sarthe pour mettre dans le jardin de GG à Portsall ?
Est-ce qu'il faut aussi un passeport sanitaire ? Est-ce que c'est possible selon les accords de Nagoya ?
Parce qu'à la Gravelle y'a pas toujours de contrôle. Et pourtant on passe bien de France en Bretagne, non ?

Je ne fais que donner l'état de la législation en cours.
Dans le cas que tu cites, normalement oui, il faudrait un passeport phyto, mais pour une autre raison: la Bretagne est une zone déclarée indemne de certains parasites ( dont la rhizomanie de la betterave, maladie due à un virus transmis par un nématode du sol, si mes souvenirs sont bons). Cette qualité de zone indemne a quelques avantages, comme par exemple de cultiver et d'exporter des plants de patates de haute qualité vers des destinations qui imposent une absence de risque d'introduction de rhizomanie. La contrepartie, c'est que pour garder ce statut de zone protégée, il faut ( normalement) éviter toute introduction de sol potentiellement contaminé. Donc, si tes
Crinum ou
Hymenocallis sont accompagnés de terre, ils devraient être munis d'un passeport pour attester que la terre est indemne. Ca semble lourd, mais c'est comme ça, et ça n'a rien à voir avec les frontières des états ( le transport de végétaux est soumis aux mêmes règles sur tout le territoire de l'UE, quelle que soit la distance et/ou le nombre de frontières nationales traversées - y compris zéro). Encore une fois, ces contrôles ne s'appliquent pas souvent aux particuliers; donc tu peux sans grand risque de te faire arrêter par la maréchaussée ou par la volante continuer tes transferts clandestins, même si ce n'est bien sûr pas recommandé

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Pour Nagoya, pas de souci non plus tant que Jojo a acquis ses plantes auprès d'un 'dealer' agréé, ou les a importées lui même selon les règles de préservation de la biodiversité locale. c'est important, la préservation de la biodiversité locale, mais aussi des savoirs qui lui sont liés. C'est pour cela que Nagoya est en fait un accord sur la biodiversité, mais aussi sur le partage des avantages qui lui sont liés. Pour prendre juste un bref exemple: si une tribu Khmere sait, par expérience et de toute éternité, que telle plante est bonne pour soigner les maux de ventre, il est fort probable qu'un émissaire en goguette d'une boite pharmaceutique récupère un jour cette plante, l'analyse, trouve une ou des molécules à vertus médicinales, et en fasse un médicament qu'il vendra partout dans le monde. Sans Nagoya et les accords APA (Accès et Partage des Avantages), tout le bénéfice est pour le chimiste, et rien ne va aux autochtones qui l'ont renseigné sur l’intérêt de la plante. Avec l'APA, une partie des bénéfices revient aux détenteurs de la biodiversité et du savoir associé, en l'occurrence la tribu khmere et/ou la nation cambodgienne. Ethiquement, je trouve ça assez satisfaisant, pour ma part. Mais la mise en œuvre est malaisée, vous l'imaginez...
Désolé Jean - j'ai encore sans doute été trop long

. Mais c'est souvent une qualité, hein?
