Autres mers autres coques

[Terenez]

Quelques liens de vidéos YouTube sur la façon qu'ont d'autres que moi de voir le Maroc
https://youtu.be/S4h32MbSN1U
Vous noterez que tous les clichés y sont depuis les souks, le Sahara à dos de dromadaires. Mais ce qui révulse le plus dans cette vidéo c'est le soutien à la maltraitance animale. Le petit singe qu'on exhibe sur l'épaule pour quelques dirrhams, le dromadaire place Djema El Fna qui n'est certainement pas dans son élément. Et tout ça pour des images d'un exotisme qui me fait vomir...

[Terenez]

Un autre lien
https://youtu.be/xOWS9T3btNQ
Là c'est du délire. 10 surfeurs au mètre linéaire, à la fin le mec mange des pizzas, plat typiquement marocain, puis sirote son cocktail et sa bière. Là encore des dromadaires sont arrivés sur la plage directement harnachés pour transporter des touristes et tout le reste. Et si on voit des bateaux, les pêcheurs par contre on les voit pas. Je suppose qu'ils ne sont pas suffisamment propres...
Mais ce qui me fout la hargne c'est la façon dont le mec (un youtuber regardé par des centaines de milliers de followers) prononce le nom du village de Taghazout. Il prononce Tagazout alors que gh se prononce comme un r qui vient de la gorge. Minable

[Terenez]

Une dernière pour la route.
Essaouira, l'ancienne Mogador chère à Fer
https://youtu.be/xm0sYxqGrW4
On y voit les deux youtubers dans le taxi, dans leur chambre d'hôtel, dans les rues d'Essaouira, sur leurs canassons.
On voit les murs de leur chambre, la piscine, un peu le port, ce qu'ils bouffent, la plage du haut de leurs montures mais...
Mais pas de locaux, pas de Marocains ou de Marocaines, pas assez propres je suppose, pas assez le look qu'il faut...
Pas d'artisans au travail, que des tas d'épices tout propres, mais pas l'épicier, on voit les bateaux et les poissons mais pas les pêcheurs...

Et ce ne sont que trois exemples de ce qui traîne sur Youtube ou sur le web.
Un Maroc de pacotille qui n'a rien à voir avec celui que j'essaie de vous partager
Z'avez le droit de commenter.

[gaxefer]

merci phil

[J.J.85]

C est la raison du credit et de l interet que nous portons a ce meme post
Surtout continue

[vincent]

Exactement.

[papou]

Z'avez le droit de commenter.

Bonjour Philippe, bonjour à tous,

Merci de nous faire partager tes carnets de voyages avec de beaux reportages photos accompagnés de commentaires et réflexions qui poussent effectivement à la méditation sur le passé, le présent et l’avenir de l’homme, au travers de ses comportements et attitudes vis-à-vis d’un monde en évolution perpétuelle.

Coté carnets de voyages, tes récits nous font en effet penser d’une certaine façon et avec une certaine nostalgie aux belles histoires vraies de l’oncle Paul que nous lisions enfant dans le journal de Spirou… c’était l’époque de michel vaillant, bob morane, la patrouille des castors. L’oncle Paul d’hier expliquait à la jeunesse d’une manière assez paternaliste l’histoire des habitants de différentes contrées, les faits divers et glorieux de notre pays, ainsi que la fabrication et l’utilisation des objets nécessaires à la vie quotidienne… dans les brocantes et vides greniers, j’achète parfois encore ces belles histoires illustrées d’il y a 50 ans.

Sans tomber dans du Darwinisme primaire qui dit que l’homme doit lutter pour son existence, et que toutes les sociétés sont en perpétuelle évolution, force est de constater que notre monde et ses modes de vie ont changés, et changent en permanence.

Les conditions de vie d’une grande partie de la population s’étant confortablement améliorées, une partie de la population centre désormais son existence et ses exigences sur son nombril et son plaisir immédiat, sans trop penser aux autres ni à la planète. D’où les excès/clichés que tu nous montres.

Dans le même temps, une autre partie de la population vie encore dans la misère et la famine, sans trop se soucier de savoir quelle pizza il va prendre après son surf, ni si la bière sera bien fraiche !

Monde de contradictions et d’injustices ? je ne sais pas trop, mais monde de surconsommation et d’égoïsme, oui, ça j’en suis certain.
Sans doute légèrement idéaliste, je fais partie de ceux qui pensent que l’homme est ou doit être responsable et libre…et donc que c’est à lui qu’il incombe de préserver ce qui est bon afin de construire le monde de demain. Cela passe par le respect et le partage.

Merci donc de nous faire partager ces belles tranches de vie authentiques qui nous montrent que le bonheur est encore possible avec les moyens du bord. Chez nous autres, les marins de « LA PLAISANCE » on est habitué au système « D », aux partages dans la bonne humeur.
A suivre avec passion tes récits.

[Terenez]

Et ben ça c'est du commentaire argumenté et dans lequel je me retrouve complétement.
C'est peut-être pas un hasard si nous sommes tous sur le même forum de bateaux qui datent de presque un demi siècle ou plus, loin des foils, mâts ailes et autres kevlar. Ce n'est peut-être pas un hasard si nous nous retrouvons régulièrement pour des chantiers où nos savoirs faire respectifs permettent de redonner vie à d'improbables semi épaves.

[Victor-theophile]

Merci pour ce partage, il y a 20 ans, j'avais détesté Marrakech, ses hordes de touristes dégueulées des charters à l'aéroport, ses hilton et shératon, les chevaux efflanqués cariolant des bedonnants voyeurs aux yeux bouchés, notre passage bref était encore trop long et pourtant, on était hors saison. Fès était moins impacté, le souk était bien "entouristé" mais il y avait encore des coins préservés en s'écartant des itinéraires recommandés. J'imagine, comme tu nous le décris, que le pire a bien empiré. J'avais aimé la vie dans la campagne, vie pauvre mais digne.
En Lot et Garonne, les marocains sont nombreux, quand le Maroc a repris son indépendance en 1956, pas mal d'agriculteurs français quittant ce pays, se sont installés dans les plaines de Sud-Ouest. Ce sont eux qui ont développé l'arboriculture et ont souvent fait venir, les travailleurs employés sur leur ancienne ferme marocaine.
Moi j'arrivais de ma Bretagne natale, sur la ferme, nous avons beaucoup travaillé avec des marocains, particulièrement avec 2 familles et 2 générations, 30 années ou cela s'est toujours déroulé dans un climat de confiance et de bonne entente. Aujourd'hui en retraite, nous gardons toujours des liens, la génération aînée est pour partie morte, la suivante a l'âge de nos enfants, elle a fait sa place, pas toujours simple de préserver sa culture tout en s'intégrant dans notre société mais elle a plutôt bien su le faire.
La première génération, arrivée fin des années 50, seul le père était là, il bossait dur, vivait plus que chichement pour envoyer le maximum au bled, il rentrait quelques semaines par an, le temps de faire un nouvel enfant. Sa famille ne le connaissait pas, le fils travaillant chez nous après le père, me disait, "je ne connais pas mon père", le peu de temps passé au Maroc était trop bref pour établir une relation filiale, elle n'était préservée que par le respect des enfants envers leurs parents. Cela a été une génération sacrifiée, des 2 côté de la Méditerranée. La classe dirigeante du Maroc a pompé sans vergogne, la sueur de ses travailleurs expatriés. Transformée en monnaie, elle a masquée son incurie au lieu de promouvoir un développement permettant d'en finir avec ces expatriations douloureuses. Côté France, cela a souvent été une main d’œuvre sous payée et corvéable à merci.
Avant de juger certaines tensions qui peuvent exister dans des banlieues, il faut comprendre ce passé avec ses stigmates. Cela n’excuse pas tout mais avoir conscience des responsabilités partagées, peut éviter bien des jugements à l'emporte pièce tel que l'on peut trop souvent en entendre.

[Terenez]

Autre commentaire argumenté auquel je souscris aussi totalement. Et je ne suis pas certain que la situation ait beaucoup évolué.