de geniogijón » Ven Mai 21, 2010 10:27 pm
Bon,
Aujourd´hui j´ai le temps, je descends en train pour le weekend dans le Sud, a Madrid, et j´en ai pour cinq heures.
Il fait beau.
Les paysages sont magnifiques. Je traverse des vallées parsemées de rivières où il remonte encore des saumons – il y a deux jours ils en ont attrapé un de 11,6 kg - monts verts habillés de forets que surplombent des montagnes ou il y a encore de la neige.
Sous peu j´entrerai dans les pleines jaunies de Castille et la, il va faire très chaud.
Alors comme cette lumière m´inspire et que je suis encore a jeun je vais vous raconter une histoire, je vais vous dire comment la mer m´a maintenu attaché a un objectif, comment il s´est crée une illusion qui m´a permis d´affronter des moments difficiles dans ma vie.
Au fait c´est l´histoire d´une rencontre, d´un coup de foudre, en somme c´est une histoire d´amour, c´est notre histoire celle de THRACIAS et moi.
THRACIAS est un BAROUDEUR MKII que j´ai trouvé sur internet. Proposé à Bandol, en Méditerranée.
Le Baroudeur c´était un souvenir d´une période de ma jeunesse où pour me faire un peu d´argent de poche je nettoyais les carènes de bateaux et faisais de petits travaux dans un port de plaisance - sur la Seine, prés de Paris-
Sur la Net je ne cherchais pas vraiment un bateau à acheter, je visionnais les photos en rêvant et parfois je contactais les annonceurs pour demander quelque détail. Je me faisais envie. Malheureusement je ne disposais pas du brevet nécessaire pour pouvoir avoir un bateau.
Cette allure, sa silhouette arrogante, cet air marin, ce nom évoquant mil aventures, un quelque chose d´une autre époque plus romantique... cela avait laissé une empreinte enfouie dans la mémoire tendre de mon adolescence.
Je suis un mordu de pèche mais la vérité c´est que la mer m´a toujours imposé du respect. La navigation m´avait l´air de quelque chose de mystique, d´extrêmement compliqué et inaccessible. Alors je n´ai pas pu faire autrement j´ai sauté «pour voir», sur l´occasion de faire un cours qu´a cette période proposait pour trois sous la mairie de Gijón. Cela me procurait le brevet basique qui en Espagne me permettait de pouvoir tenir la barre d´un bateau de jusqu´a 6m avec un moteur de 40 KW (54,4 Cv), en m´éloignant a 2 miles. J´allais pouvoir élargir mon champ d´action, attraper des poissons plus grands. Motivé alors par la curiosité je m´informais du marché de bateaux correspondant au brevet que je venais d´obtenir.
Le Baroudeur – trop cher, trop grand –
Très intéressé par ce que je venais d´apprendre dans les cours aux quels j´avais assisté dans un club de voile et sous l´emprise de la curiosité, de la soif d´en savoir un peu plus, une folie, je me lançais en cours du soir a la poursuite d´un permis supérieur pour mener des bateaux de jusqu´a 12m et a une distance maximum de 12´ de la cote, puis un autre, vingt mètres de bateau jusqu´a 60 miles. Voie d´issue pour m´évader des problèmes que je vivais dans une relation qui coulait, j´étais involontairement mêlé à un divorce saignant, le mien.
Dans mes nuits de solitude j´avais pris contact avec le proprio du Baroudeur – curiosité-
C´était hors de mes moyens, en
France, et en Méditerranée qui plus est.
Hors question !
Quelque temps après quand je reçois un e-mail du proprio me "donnant" ce bateau pour un prix a mon gout très "affaire", toutes les conditions étaient réunies mais cela faisait loin et hors question de penser à le remorquer. Fallait une remorque, véhicule, et permis spéciaux. Commencent les recherches pour trouver un transport Bandol (prés de Toulon) - Gijón (sur la cote Atlantique de l´Espagne).
Finalement je trouve un professionnel à bon prix, avec assurances pour ce type de transport, toutes les garanties et, le clou, qui accepte le paiement en plusieurs fois.
Un Super voyage d´une semaine sur la cote d´azur en Harley avec mon frère (il a la même moto que moi), pour connaitre le propriétaire (super sympa) et voir le bateau.
Trop beau, un rêve.
Enfin j´allais pouvoir avoir un bateau, et quel bateau, un Baroudeur !
Déjà je me sentais changé, j´étais un marin.
Il n´y a eu aucun problème pour le paiement, les documents, pendant le transport, ni a la frontière. Et enfin le bateau arrive.
Je n´lavais vu que dans l´eau. Qu´es ce qu´il est grand !
Oui, mais demandant pas mal de travail. Cela ne faisait rien, c´était pour une bonne cause.
Nettoyage et traitement osmose de la coque, installation d´un moteur, VHF, GPS, revoir chez un tourneur les poulies d´écoute de génois, décrassage des poulies de bout de mat et de baume qui étaient bloquées, changement des poulies extérieures, refaire les boiseries extérieures, équipement navigation et sécurité homologué, adaptation aux normes de sécurité CE exigées en Espagne … mais surtout, paperasse pour l´immatriculation en Espagne d´un bateau de 34 ans. Il a fallu que je trouve un ingénieur naval pour faire un «projet » puisque le bateau n´était pas homologué en Espagne (¿ ?). Enfin, des sous, des sous, et encore des sous.
Comme des sous c´est ce qui manque, j´ai pas mal contacté d´entreprises et d´ indépendants, pris de rendez-vous, voyagé… jusqu´a ce que je tombe sur le responsable du bureau téchnique d´un chantier naval de certaine importance, une personne qui m´a surpris par sa jeunesse pour le poste occupé et qui avait ses entrées dans l´administration maritime, Javier.
Javier que je remercie encore a réalisé le projet avec caractéristiques, calculs de stabilité, flottaison… le plus gênant et qui risquait de couter pas mal d´argent c´était d´établir un « Plan de formes », le plan de la coque du bateau que je ne savais comment me procurer.
No problem !, avec l´aide de Marcos, mon frère, plusieurs lasers de niveaux et d´aplombs propriété de la boite où l´on bosse, équerres, cordes et tout un tas d´outils et de trucs qui n´ont servi a rien, nous avons porté sur papier ces courbes que je trouve sensuelles et je l´avoue, je prends plaisir à caresser a pleine main.
Thracias est le 3eme nom que j´avis donné pour l´immatriculation du Baroudeur.
J´ai choisi ce nom parce qu´en principe cela voulait dire vent NE, vent du bon temps de par chez nous. En réalité j´ai vérifié que l´information de Wikipedia en internet peut être inexacte car elle change selon la personne qui la publie donc, comme il ne pouvait pas en être autrement en ce qui me concerne, ce nom veut dire exactement le contraire de ce que je souhaitais. Ce n´est pas grave, le vent NO nous apporte un temps ou le baroudeur montre toute ses valeurs. Les noms que j´avais choisi par ordre de préférence étaient
Baraka : Chance en arabe.
Rubiel : Pageot (Pagellus erythinus). J´y trouvais quelque chose qui le rapprochait au bateau, peut être l´envie d´en monter quelques uns a son bord.
Puis cherchant des noms en Celte je n´ai pas réussi à faire la traduction de voilier, canot, pécheur, vaillant, etc. Donc j´ai essayé le grec. Je confesse n´avoir pas pensé au cht´i. Je le regrette, j´aurais préféré. On aurait du se connaître plus tôt cela m´aurait bien servi.
C´est l´administration qui a décidé parmi les trois noms proposés.
Maintenant on en est à prés de trois ans après l´achat de mon bateau et je crois que c´est la fin de la galère. Les documents ont été approuvés, les inspections techniques se sont révélés favorables, je n´attends plus que d´avoir les autorisations officielles (moyennant taxes bien sur). Ce qui fut bénéfique c´est que le bateau a toujours été a l´abri, bien souvent a couvert ne le mettant a l´eau qu´en de très comptées circonstances.
Les prochaines dépenses, démarches et actes à accomplir seront une expertise pour l´assurance, avec le mal que je me donne je veux l´assurer tout risque, obtenir une place au port qui passe par l´affiliation au club nautique de Candás, changer les revêtements tissus de la cabine, les matelas de caoutchouc mousse et housses ce qui est en train de se faire en ce moment, changer toute la manœuvre courante fin de mois.
Peut être a partir de l´hiver prochain solutionner le problème du pont mou si je ne le fais pas pendant l´été, enlever le revêtement vinyle dans le carré et le substituer par un revêtement gommeux projeté, étudier de quelle façon je fais une table pliable pour le cockpit, l´idée de peindre le mat puis les voiles me plait beaucoup, et d´ici la surgiront surement d´autres idées de choses à faire.
Une fois le bateau à l´eau je veux partir et éventuellement laisser le bateau dans une marina jusqu´a la semaine prochaine, et ainsi parcourir toute la côte nord.
Sacré programme, après c´est comme toujours, je ferai ce que je pourrai mais, et cela je l´ai appris de mon expérience de la vie et du combat pour atteindre un rêve comme le THRACIAS, l´illusion qu´on emploie pour l´obtention de quelque chose est un moteur très important dans la vie.
Souvent le plus beau c´est le voyage, non le lieu où l´on se rend, puis comme disait en essence Pierre de Coubertin « l´important c ´est de participer ».
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