Mise à l'eau un peu avant 10 h 00 à Pont Coblant sous une météo peu engageante, c'est à dire pas mal de vent pas favorable au retour et de la bruine, nous partons à l'aviron vers la première écluse dénommée Saint Algon où nous sommes sassés. 0,8 km en guise d'échauffement. Et si le vent se maintient, la bruine à la bonne idée de nous abandonner.
Une fois passé cette première écluse, nous attaquons à l'aviron le second bief qui nous mène à l'écluse de Buzit, où nous nous présentons vers 11 h 00. Nous avons avalé ce bief en 1/2 heure environ, avec un vent favorable. Distance parcourue entre les deux écluses, 2,100 km.
Second éclusage montant, et nous attaquons le dernier bief qui nous conduira au chaland Victor, but de la balade. Nous sortons de l'écluse à la godille puis armons à nouveau les avirons. L'heure du repas approchant et devant l'insistance de l'équipage (j'ai Inès et une de ses copines à bord), il est décidé, d'un commun accord de démarrer le moteur. Quelques coups de ficelle plus tard, c'est à dire le temps de faire connaissance avec ce nouveau moteur pour moi, nous prenons, à la volée, le Coble de Gwengolo en remorque. Nous avalons ainsi le bief et arrivons au quai d'une ancienne mine ardoisière où nous faisons notre halte.
Nous déjeunons donc sur l'aire de pique nique présente sur le site et rendons une visite au chaland Victor.
Le chaland Victor a été construit en 1893 aux chantiers Fouchard de Nantes et a principalement navigué sur la partie du canal entre Port-Launay et Carhaix, montant du maerl et des scories aux agriculteurs des bords de l'Aulne et redescendant avec un chargement d'ardoises en provenance des ardoisières de Carhaix, Saint-Goazec, Châteauneuf-du-Faou. Le 2 décembre 1932 le chaland se dirigeant vers Pont-Coblant, heurte un pilier du pont de Ty Men, à la limite des communes de Pleyben, Gouézec et Lennon, en raison d'un fort courant. Le chaland est déchargé, à la main, de ses 100 tonnes d'ardoises et sombre les jours suivants. Il reste échoué dans la vase jusqu'en 2003, date à laquelle, un groupe de passionnés réunis dans une association "Il faut sauver le chaland Victor" réussit à désenvaser le chaland et à le faire gruter sur la berge.
Chaland en fer ponté de 150 t 480 en lourd, d'une longueur de 26, 80 m pour une largeur de 4, 60 m construction en plaques de fer assemblées par rivetage. Coque à fond plat disposant de deux cales : une cale arrière et une cale avant. La cale arrière est longue de 8, 10 m et large de 3, 90 m. La hauteur de la cale est de 1, 60 m, ce qui fait environ 50 m3. Le poste arrière dans lequel la partie habitable des mariniers était établie est longue de 3, 40 m. Pas de moteur, halage à l'aide de chevaux. Il s'agit là du dernier vestige de ce que fut la navigation commerciale sur le canal de Nantes à Brest.
Le repas avalé, la visite et les photos réalisées, il est temps de repartir.
Nous avalons le bief nous conduisant à l'écluse de Buzit au moteur, tout juste embrayé. Nous sommes sassés et reprenons à partir de là les avirons. Au terme des 2.100 m du bief nous arrivons à l'écluse de Saint Algon et redescendons de ce fait dans le bief de Pont Coblant où nous désarmons et remontons nos canots sur leur remorque.
Nous avons ainsi parcouru 11, 800 km dont la moitié aux avirons sous un temps gris et assez venteux, mais sans pluie sauf au départ. Belle journée, a refaire !
